Les places boursières se sont prudemment placées en position défensive hier, en attendant la publication cet après-midi des derniers chiffres de l'inflation aux Etats-Unis. Des chiffres qui sont censés conforter la perspective d'un arrêt du cycle de remontée des taux de la banque centrale américaine. Ça c'est s'ils sont bons, c’est-à-dire qu'ils montrent un ralentissement de la hausse des prix. Ou au contraire relancer les craintes sur la durée et/ou l'amplitude de la politique de fermeté monétaire. Ça c'est si la statistique est mauvaise, c’est-à-dire qu'elle montre que l'inflation sous-jacente reste difficile à dompter. L'attente moyenne du marché est une inflation qui accélère de 0,4% entre mars et avril, mais une inflation de base (core inflation) qui s'établit à 0,3% sur un mois, soit un peu moins que la hausse de 0,4% entrevue entre février et mars. Tout cela est subtil. Sur un an, cela porterait l'inflation à 5% et l'inflation de base à 5,5%. Verdict à 14h30.

Hier on a baissé un peu partout, sauf en Allemagne. En Europe, le CAC40 a rendu 0,6%, le FTSE 0,2% et le SMI 0,4%. Le Stoxx Europe 600 a terminé sa journée à -0,3%. Aux Etats-Unis, les trois indices ont perdu du terrain, notamment le Nasdaq 100 qui a lâché 0,7%. Les banques régionales ont tenu le choc, pendant que les spéculateurs continuaient à faire joujou avec les titres des banques en faillite comme Signature ou First Republic. C'était nettement moins festif du côté de PayPal, qui a terminé en baisse de 12% après des chiffres qui montrent que le système de paiement n'est plus prophète en son pays. PayPal qui évolue sur des niveaux qui n'avaient plus été vus depuis 2017.

Ce petit regain de prudence intervient dans un contexte d'optimisme à tout crin des marchés actions, un optimisme vaguement suspect alors que des lumières rouges continuent à clignoter à droite et à gauche.

Il y a la trajectoire de la politique monétaire et son corollaire, le risque de récession, bien sûr.

Il y a aussi ces positions baissières sur les indices, qui ne donnent rien : le skew à trois mois du S&P 500, c’est-à-dire la jauge de paris baissiers (puts) par apport aux paris haussiers (calls) est au plus haut depuis fin 2021. Ainsi, les investisseurs continueraient à acheter à la fois des actions et des positions baissières contre les actions pour se couvrir parce qu'ils ne sont pas très à l'aise avec les risques. Bizarre.

Il y a aussi cette crise bancaire qui ressemble à une mèche lente.

Il y a enfin le drama du plafond de la dette aux Etats-Unis, qui revient à intervalle régulier. Les bons du trésor US à un mois se sont énervés pour atteindre un rendement de 5,59%, signe que la tension est forte. L'ex-patron de Pimco, Bill Gross, a été cité un peu partout après ses déclarations sur le fait qu'il faut absolument investir dans ces produits parce qu'historiquement, un accord a toujours été trouvé sur le plafond de la dette. Je peux lui opposer les propos de l'économiste d'ING Robert Carnell, qui a écrit hier soir "bien que cette fois-ci ne soit peut-être pas différente, les gens pensent que la politique et les individus sont certainement beaucoup plus axés sur l'idéologie et le dogme... les clivages entre les partis sont plus profonds… il n'est pas inconcevable que cela tourne mal". Bon, Carnell n'est pas tellement à classer parmi les optimistes en temps normal, mais quand même. On ne peut exclure une stratégie républicaine dure pour affaiblir encore plus un Joe Biden dont la cote de popularité s'effrite.

Un brin de prudence me semble nécessaire actuellement parce qu'il y a trop de variables inconfortables. A moins bien sûr que l'inflation ne s'effondre et que les investisseurs se ruent dans la brèche pour danser sur la tombe de la politique d'austérité de la Fed.

Il y a une nouvelle salve de résultats d'entreprises ce matin, avec de gros noms comme Alstom et Crédit Agricole en France, Alcon en Suisse, Siemens Healthineers en Allemagne ou Ahold Delhaize en Belgique. Hier soir après la clôture américaine, Airbnb a jeté un froid en annonçant des prévisions étonnamment prudentes pour le second trimestre. Le titre perdait 12% hors séance parce que le marché s'inquiète des efforts sur les prix et le marketing consentis par la plateforme pour doper une demande faiblarde. Aujourd'hui, c'est Walt Disney qui tient la vedette à la mi-journée.

Je termine sur le M&A, les fameuses fusions-acquisitions. Alors que les conditions de financement se sont resserrées, cela n'aura échappé à personne, les sociétés ont l'air d'avoir le portefeuille qui les démange, alors elles grattent un petit peu, pour paraphraser qui vous savez. C'est la bagarre actuellement pour racheter l'éditeur allemand de logiciels Software AG. Les enchères ont démarré par l'offre à 30 EUR par action du fonds Silver Lake. Après une première joute, son rival Bain Capital les a portées à 36 EUR par action hier soir, pour une valorisation proche de 2,7 Mds€. Dans un autre secteur, le géant de l'énergie Iberdrola a dû démentir ce matin des visées sur son rival allemand RWE. Là on parle d'une opération à plus de 30 Mds€. La presse espagnole croit pourtant savoir que JPMorgan a été embauchée pour examiner la transaction. Autre secteur, autre ambiance, le géant chinois de l'électroménager Midea a des vues sur AB Electrolux. Il a confirmé ce matin l'existence de discussions. Et je passe les nombreuses acquisitions en cours ou bouclées dans le secteur pharmaceutique, qui s'est lui aussi réveillé ces derniers mois. Toutes ces opérations, même si certaines ne sont que fantasmées, illustrent un certain niveau de confiance des entreprises, que l'on retrouve d'ailleurs sur les marchés actions.

Les baisses occidentales ont contaminé l'Asie et le Pacifique. Tokyo clôture en retrait de 0,35% et Sydney de 0,2%. Les replis sont modérés à Bombay et à Séoul, mais plus marqués en Chine. Hong Kong abandonne 0,7% et Shanghai 1%. Les investisseurs locaux ont été un peu échaudés hier par les statistiques sur les importations, qui sont ressorties très dégradées en avril. Les indicateurs avancés européens et américains sont en position attentiste. Le CAC40 glane 0,09% à 7404 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

C'est la journée de l'inflation. Celle de l'Allemagne sera connue à 8h00, mais les marchés en ont déjà une bonne idée dans la mesure où le chiffre préliminaire a été publié il y a dix jours. Pour celle des Etats-Unis à 14h30, c'est plus flou puisque c'est la première lecture, attendue à +0,3% sur le mois en ce qui concerne l'inflation sous-jacente ("core"). Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,0975 USD. L'once d'or évolue autour de 2030 USD. Le pétrole consolide ses gains récents, avec un Brent de Mer du Nord à 76,88USD le baril et un brut léger américain WTI à 73,13 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans est stable 3,51%. Le bitcoin est un peu sous pression à 27 700 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Anheuser-Busch Inbev : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 66 EUR.
  • Deutsche Konsum : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 10 à 8 EUR.
  • Ence : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 4,20 à 3,80 EUR.
  • Herige : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 53 à 56 EUR.
  • Idorsia : Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 8,40 CHF.
  • K+S : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 29 à 27 EUR.
  • Marel : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 4,50 à 3,50 EUR.
  • Samhällsbyggnadsbolaget : Arctic Securities passe de conserver à acheter en visant 10 SEK.
  • SII : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 63 à 64,10 EUR.
  • Smartcraft : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 25 à 26 NOK.
  • Swisscom : DZ Bank reste à vendre avec un objectif de cours relevé de 505 à 540 CHF.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Alstom : prévoit une hausse de sa marge opérationnelle en 2023 après un retour aux bénéfices sur l'exercice clos fin mars. Par ailleurs Moody's abaisse la note crédit de "Baa2" à "Baa3".
  • Crédit Agricole : le bénéfice du T1 est en vive hausse, comme pour le reste du secteur.
  • Elis : à suivre
  • Rothschild : les revenus du T1 baissent de 10 % en raison de la baisse des transactions. Je rappelle que la banque est sous OPAS à 48 EUR dividende attaché.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • ABN Amro : le bénéfice net du T1 dépasse les attentes.
  • Ahold Delhaize : dépasse les attentes en matière de ventes pour le premier trimestre.
  • Airbnb : le titre chute de 12% hors séance après la publication des résultats trimestriels.
  • Alcon : le bénéfice pour 2023 devrait se situer dans la partie supérieure de la fourchette de prévisions.
  • Compass : relève ses prévisions pour 2023 après un bond de ses bénéfices.
  • Continental : enregistre une hausse de 35 % de ses bénéfices grâce à un solide trimestre pour l'automobile.
  • Rivian : le titre gagne 5,5% hors séance après la publication de ses résultats trimestriels.
  • Siemens Healthineers : annonce une baisse de son bénéfice au deuxième trimestre et met fin à ses activités dans le domaine des robots de chirurgie cardiaque.
  • Toyota Motor : a fait état d'une hausse de 35% de son bénéfice d'exploitation au quatrième trimestre.
  • Vestas : renoue avec les bénéfices au premier trimestre.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Midea confirme avoir fait une offre de rachat pour son rival suédois Electrolux AB.
  • Iberdrola réfute l'éventualité d'un rachat de l'allemand RWE pour 31 Mds€.
  • Ryanair commande 300 B737MAX-10 pour un prix catalogue de 40 Mds$, qui ne veut rien dire parce que le compagnie a probablement largement cassé les prix théoriques.
  • Bain Capital relève son offre sur Software AG à 36 EUR l'action, sous condition, mais la société soutient toujours l'offre à 32 EUR de Silver Lake.
  • Prosus envisage de vendre les activités de PayU en dehors de l'Inde.
  • Swedish Orphan Biovitrum va racheter CTI Biopharma pour 1,7 Md$.
  • Novartis et Evotec développent conjointement des biosimilaires.
  • Roberto Cingolani nommé CEO et directeur général de Leonardo.
  • Embraer et Saab ont lancé mardi une ligne de production au Brésil pour l'avion de combat Gripen.
  • L'ingénieur britannique Melrose Industries va se repositionner en un groupe purement axé sur l'aérospatiale, a rapporté Sky News.
  • HSBC va lancer un rachat d'actions d'un montant maximum de 2 Mds$.
  • Syneos serait courtisé par la triplette Elliott, Patient Square et Veritas.
  • Microsoft et Oracle discuteraient d'un partage des serveurs d'intelligence artificielle pour résoudre les problèmes de pénurie, selon The Information.
  • MINT n'a pas l'intention de retirer NH Hotel de la cote.
  • Le président non exécutif de Tesco fait l'objet d'allégations de comportement inapproprié de la part de quatre femmes.
  • Tesla annonce que son usine texane atteint une production de 5 000 Model Y par semaine.
  • Le patron de International Distributions Services (ex-Royal Mail) est sur le point de quitter son poste après que des parlementaires ont critiqué les performances de l'ancien monopole d'Etat, qui a été touché par des grèves massives, a rapporté Sky News mardi.
  • Risanamento signe l'acte de vente du Lotto Arena avec CTS Eventim.
  • Macquarie attend 1 Md$ de la vente de Ceres, l'opérateur de terminaux portuaires américains.
  • Le groupe d'investisseurs Newgame de GAM attaque la décision de la Copa
  • JD Sports nommera Dominic Platt au poste de directeur financier cette semaine, selon Sky News.
  • Les principales publications du jour : Siemens Healthineers, Compass, Ahold Delhaize, Vestas, Sampo, Genmab, Continental, ABN Amro, Nexi, Spirax, Ageas, MowiTout l'agenda ici.

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