PITTSBURGH, Pennsylvanie (Reuters) - Le président américain Joe Biden a appelé mercredi à recourir à l'autorité du gouvernement fédéral pour remodeler l'économie américaine et contrer l'émergence de la Chine, avec un projet de plus de 2.000 milliards de dollars qui fait l'objet d'une vive opposition politique au Congrès.

La proposition du chef de la Maison blanche permettrait aux entreprises américaines de se positionner sur des projets impliquant des millions de salariés du pays afin de construire des infrastructures, comme des routes et des ponts, tout en investissant dans la lutte contre le changement climatique et les services à destination des personnes âgées notamment.

"Il s'agit d'un investissement unique en une génération pour l'Amérique, comme nous n'en avons jamais vu ni entrepris auparavant", a déclaré Joe Biden lors d'un déplacement à Pittsburgh, en Pennsylvanie.

"Oui, c'est énorme. Oui, c'est audacieux. Et nous pouvons le réaliser", a ajouté le président démocrate.

Après son plan de relance de 1.900 milliards de dollars, que le Congrès a adopté début mars, Joe Biden ambitionne de redynamiser la première puissance économique mondiale, lourdement affectée par la crise sanitaire du coronavirus.

Ce nouveau plan promet aussi de renforcer les syndicats et d'accroître la lutte contre le changement climatique, des objectifs de longue date des libéraux.

Joe Biden devrait dévoiler en avril de nouvelles propositions économiques qui pourraient ajouter à nouveau 2.000 milliards de dollars à la facture globale.

Aux yeux des équipes de la Maison blanche, une vaste manoeuvre menée par le gouvernement fédéral pour renforcer l'économie américaine est le meilleur moyen de lutter contre la concurrence accrue et la menace pour la sécurité nationale représentées par la Chine.

Cette démarche a ouvert la voie à une vive querelle partisane au Congrès, dont les élus conviennent pour la plupart que des investissements sont nécessaires mais sont partagés sur l'ampleur du projet et la mise en place de programmes considérés traditionnellement comme des services sociaux.

"Si cela va entraîner des hausses massives d'impôts et des centaines de milliards de dollars de plus à la dette nationale, c'est improbable", a déclaré le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, après que le président démocrate l'a appelé pour l'informer de son projet.

Pour le moment, Joe Biden fait fi d'une promesse de campagne d'augmenter l'impôt sur la fortune. Le projet entraînerait une hausse de l'impôt sur les sociétés, de 21% à 28%, avec des mesures destinées à combler les failles d'un système permettant aux entreprises de délocaliser leurs recettes, selon un document fourni par la Maison blanche.

Joe Biden a déclaré que l'objectif n'était pas de "cibler" les riches mais de remédier aux divisions et aux inégalités que la crise sanitaire du coronavirus a amplifiées.

Le projet du locataire de la Maison blanche prévoit d'étaler les coûts sur une période de huit ans et d'avoir payé l'ensemble au bout de 15 ans, sans alourdir à long terme la dette des Etats-Unis, a dit un haut représentant de l'administration.

(avec Richard Cowan, David Morgan et Makini Brice; version française Jean Terzian)

par Steve Holland et Jarrett Renshaw