Les indices boursiers ont continué à honorer les couleurs de Noël hier, en alternant le rouge et le vert mais sans trop s'éloigner du point d'équilibre. Le DAX allemand, le CAC40 français et le Nasdaq américain étaient à ranger dans la catégorie des baisses modérées, pendant que le FTSE britannique, le S&P500 américain et le MIB italien grappillaient quelques points. Je souligne pour faire plaisir à mon collègue Eduardo que l'IBEX espagnol a profité de son gros contingent bancaire pour gagner 0,6% et afficher l'une des meilleures performances de la journée.

Le schéma de la séance de la veille était clair en Europe : les secteurs dits "inflationnistes" ont été les plus entourés. C'était le cas des Banques (Commerzbank, Unicredit ou Santander ont gagné plus de 3,5%) et des Matières Premières (avec notamment Antofagasta et Glencore en hausse de plus de 2%). A l'inverse, l'Immobilier s'est fait hacher menu (Aroundtown a plongé de 10% et Unibail de près de 5%). L'inflexion surprise de la politique monétaire au Japon devrait faire tomber le dernier bastion des politiques accommodantes dans le monde. Surtout, cette position a conforté le message selon lequel l'inflation risque de durer, même si elle aura tendance à se réduire par rapport aux niveaux spectaculaires constatés en 2022.

Elle soulève aussi quelques questions sur la santé du marché obligataire, puisque la raison invoquée par la BoJ pour justifier son mouvement inattendu est d'assurer le bon fonctionnement de ce marché. Certains bons connaisseurs du secteur se demandent s'il se trame quelque chose en arrière-plan dont le commun des investisseurs n'aurait pas conscience. L'épisode sur le Gilts britanniques à la fin de l'été a laissé quelques traces… Il faut dire que l'année est atypique pour ce compartiment du marché : Lombard Odier souligne ce matin que sur un siècle, un recul simultané des actions et des obligations n'a eu lieu qu'à trois reprises : en 1931, en 1969 et donc en 2022.

Aux Etats-Unis, les investisseurs ont aussi pris acte des péripéties nipponnes. Mais ils sont surtout préoccupés par les mauvaises nouvelles macroéconomiques. Par exemple des permis de construire mensuels en net repli, ainsi que l'a communiqué hier après-midi le Census Bureau. Il fut un temps, pas si ancien, où le principe du "mauvaise nouvelle ? bonne nouvelle" était la norme, parce que les investisseurs pensaient qu'un empilement de données macro dégradées forcerait la Fed à inverser la vapeur sur les hausses de taux. Dans leur esprit, l'ordre des choses était :

1) Réduction du rythme de l'inflation visible dans les évolutions mensuelles.

2) Série de mauvaises données macro.

3) La Fed relâche la pression et recommence à baisser ses taux.

Mais les prises de position récentes de la banque centrale montrent qu'elle est plutôt sur un schéma :

1) Réduction du rythme de l'inflation visible dans les évolutions mensuelles.

2) Série de mauvaises données macro.

3) Maintien d'un niveau de taux élevé pour s'assurer que l'inflation se fait la malle.

4) La Fed relâche la pression et recommence à baisser ses taux.

Et plus la période 3 de la Fed dure, plus les dommages à l'économie seront conséquents. Moins conséquents qu'avec une inflation durablement élevée, selon l'analyse de l'institution. Ben oui évidemment, sinon la banque centrale ne prendrait pas la peine de faire autant de barouf. Notez que certains économistes contestent ce point et pensent que le remède est pire que le mal. C'est comme ça l'économie : tout le monde a plein de théories et tout le monde se goure un peu, puis on fait des théories pour expliquer pourquoi celles d'avant n'ont pas tout à fait fonctionné. Et ainsi de suite.

Au final, les investisseurs US sont passés au mode "une mauvaise nouvelle est une mauvaise nouvelle". Est-ce que c'est une bonne nouvelle ? Aucune idée, mais il faudra composer désormais avec une univers de perception encore plus exotique. Par exemple cet après-midi, le Conference Board doit publier à 16h00 l'indice de confiance des consommateurs américains du mois de décembre. Le consommateur américain, c'est la personne qui tient la baraque en ce moment, en dépensant de l'argent sans trop compter en dépit des hausses de prix. Il y a deux semaines, on se serait probablement dit "si la statistique est mauvaise, les actions vont monter parce que la Fed va devoir se montrer moins belliciste". Maintenant c'est plus confus, donc moins directionnel. On aura aussi droit cet après-midi aux chiffres dans l'immobilier ancien aux Etats-Unis. Ce n'est pas la statistique la plus suivie en temps normal, mais elle prend du relief en ce moment, pour les raisons précitées. Et aussi parce que la Fed, avant d'infléchir sa politique, doit disposer de marqueurs de décrue de l'économie, à la fois via la consommation, l'immobilier et le marché du travail.

Dans les nouvelles fraîches du jour, on retrouve le débarquement de deux vedettes sur le territoire des Etats-Unis. Un président ukrainien qui va être reçu par Joe Biden et s'adresser au Congrès. Et un potentiel crypto-repris de justice en provenance des Bahamas. Respectivement donc Volodimir Zelensky, de son plein gré, et Sam Bankman-Fried, sous procédure d'extradition. Elon Musk devrait passer les commandes de Twitter à quelqu'un dès qu'il aura trouvé l'oiseau rare, ce qui pourrait rassurer les actionnaires de Tesla, désemparés par la dissipation compulsive du dirigeant.

Les marchés qui sont en fin de parcours soufflent le chaud et le froid ce matin. Le Japon et la Corée du Sud sont en baisse, tandis que la Chine s'essaie à un modeste rebond. Les gains sont nettement plus marqués à Sydney où l'ASX200 profite de la hausse des matériaux de base et de l'énergie pour s'adjuger plus de 1%. Les places européennes sont attendues en légère hausse. Le CAC40 gagnait 0,4% à 6477 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Aux Etats-Unis, l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board et les chiffres de l'immobilier ancien (16h00) seront sous les feux de la rampe. Tout l'agenda macro ici.

La paire euro / dollar reste proche de 1,0610 USD. L'once d'or rebondit à 1814 USD. Le pétrole varie peu, avec un Brent de Mer du Nord à 79,98 USD le baril et un brut léger américain WTI à 76,23 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans gravit autour de 3,70%. Le bitcoin flirte avec 17 000 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Akzo Nobel : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 84 à 80 EUR.
  • Billerud : DNB passe d'acheter à conserver en visant 150 SEK.
  • BioMérieux : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 113 EUR.
  • Boliden : Pareto Securities passe d'acheter à conserver en visant 401 SEK.
  • Brunello Cucinelli : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 62 à 80 EUR.
  • Fresenius : JPMorgan reste neutre avec un objectif réduit de 33,30 à 31,90 EUR.
  • Genmab : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 3055 DKK.
  • KPN : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2,90 à 2,70 EUR.
  • Nel : Jefferies reste à l'achat avec un objectif relevé de 19 à 20 NOK.
  • Sampo : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 51 EUR.
  • Soitec : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 205 EUR.
  • Synthomer : Berenberg reste à l'achat avec un objectif relevé de 160 à 170 GBp.
  • Terna : Intesa reprend le suivi à conserver en visant 7,10 EUR.
  • Vidrala : JB Capital Markets passe d'acheter à neutre en visant 84,90 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Alstom équipe l'aéroport de Phoenix Sky Harbor, aux Etats-Unis.
  • Vinci dément la rénovation de l'aéroport mexicain de Monterey pour 820 M$, expliquant que ce montant a été utilisé pour entrer au capital.
  • Pernod Ricard prend le contrôle de Cockorico.
  • Bouygues, Colas et Alstom signent un gros contrat pour le métro d'Abidjan.
  • Technip Energies va équiper le craqueur d'éthane de CPChem et QatarEnergy au Texas.
  • CMA CGM monte à 10,43% du capital d'Eutelsat.
  • Valeo noue un accord stratégique avec le chinois Ningbo Swell Industry.
  • Electricité de France maintient sa fourchette de production 2023, avec le prochain hiver pour objectif.
  • Le système VIDAS KUBE de BioMérieux obtient le marquage CE.
  • La Compagnie des Alpes obtient un financement bancaire de 200 M€ sur 5 ans, avec des clauses RSE.
  • Icade finalise l’acquisition d'un immeuble à Nanterre pour 63 M€.
  • Hoffmann Green Cement signe un contrat de fourniture de ciment de 3 ans avec ECBL.
  • Lacoste et Interparfums signent un accord de licence parfums.
  • Hydrogen Refueling Solutions reçoit commande d'une station d'avitaillement pour bus.
  • Le retour aux bénéfices de PCAS contrarié par les retards de paiement d'un client important.
  • Méthanor cède ses participations dans Chavort et Aqua Bella pour un montant de 1,9 M€.
  • Abivax reçoit l'approbation de la FDA pour le plan de développement pédiatrique avec obefazimod dans les MICI.
  • L'US EPA approuve le biocide d’Amoéba pour un usage dans les systèmes de refroidissement fermés.
  • Altheora finalise l'acquisition de Chris-France Plastiques.
  • Figeac Aero a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • 3M Company va arrêter la production du "polluant éternel" PFAS d'ici fin 2025.
  • Musk démissionnera de Twitter lorsqu'il aura trouvé un remplaçant. L'action Tesla a encore flanché hier.
  • L'UE approuve sous conditions le renflouement d'Uniper par l'Allemagne pour un montant de 34,5 Mds€.
  • Le négociant en électricité Danske Commodities a reçu une injection de capital de 3,5 Mds€ de la part de sa société mère Equinor.
  • General Motors rappelle 140 000 Chevrolet Bolt EV en raison de risques d'incendie.
  • Nike gagne 13% hors séance après la publication de ses résultats.
  • Fedex gagne 4,5% hors séance après la publication de ses résultats.
  • BlackBerry perd 2,6% hors séance après la publication de ses résultats.
  • Hennes & Mauritz retire une collection Justin Bieber après un post furieux de la star.
  • Gros revers pour l'Agence spatiale européenne, qui a perdu deux satellites hier dans l'échec du premier vol commercial du lanceur léger Vega-C (Avio).
  • Des investisseurs activistes pressent Six Flags de monétiser son immobilier, selon le Wall Street Journal.
  • Dufry conclut le refinancement de ses principales facilités de crédit bancaire.
  • L3Harris Technologies a obtenu les approbations réglementaires pour l'acquisition des actifs de liaison de données de ViaSat.
  • Wells Fargo va payer 3,7 Mds$ pour enterrer le contentieux sur les rémunérations indues sur prêts.
  • The Swatch Group n'a pas l'intention d'entrer sur le marché des montres de luxe d'occasion.
  • Nel a signé un CRA (Capacity Reserve Agreement) avec un client américain dont l'identité n'a pas été révélée, afin de livrer 16 stations de ravitaillement en hydrogène.
  • Legal & General cherche à évincer des administrateurs de Capricorn Energy.
  • Lithium Americas va acquérir Arena Minerals.
  • Le directeur financier de MorphoSys quitte son poste.
  • Sonae et Bankinter ont conclu un accord préliminaire pour la création d'une coentreprise à parts égales pour le crédit à la consommation au Portugal.
  • Aurubis lance un programme d'investissement de 530 M€ pour stimuler sa croissance aux États-Unis et en Allemagne.
  • Philip Morris, Altria, Sempra détachent des dividendes.
  • Principales publications du jour : Micron, Cintas, The Toro, AurubisTout l'agenda ici.

Lectures